Incarnation de l'Ennui

Le Nom de la Rose

 

Tel était mon maître. Non seulement il savait lire dans le grand livre de la nature, mais aussi de la façon que les moines lisaient les livres de l’Écriture, et pensaient à travers ceux-ci. Dons qui, comme nous verrons, devaient s’avérer pour lui fort utiles dans les jours à venir. En outre son explication me sembla à ce point-là si évidente que l’humiliation de ne l’avoir pas trouvée tout seul céda le pas à l’orgueil d’être dans le coup et il s’en fallait de peu que je ne me félicitasse moi-même pour ma finesse d’esprit. Telle est la force du vrai qui, comme le bien, se diffuse de soi-même. Et soit loué le nom saint de Notre Seigneur Jésus-Christ pour cette belle révélation que j’eus.

 

Mais reprends le fil, ô mon récit, car ce moine sénescent s’attarde trop dans les marginalia. Dis plutôt que nous arrivâmes à la grande porte de l’abbaye, et que sur le seuil se tenait l’Abbé auquel deux novices tendaient un petit bassin d’or rempli d’eau. Et comme nous fûmes descendus de nos animaux, il lava les mains à Guillaume, puis il l’embrassa en le baisant sur la bouche et en lui donnant sa sainte bienvenue, tandis que le cellérier s’occupait de moi.
(Umberto Eco)


28/05/2012
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