Alice au Pays des Merveilles
La Chenille et Alice se considérèrent un instant en silence. Enfin la Chenille sortit le houka de sa bouche, et lui adressa la parole d’une voix endormie et traînante.
« Qui êtes-vous ? » dit la Chenille.
Ce n’était pas là une manière encourageante d’entamer la conversation. Alice répondit, un peu confuse :
« Je — je le sais à peine moi-même quant à présent. Je sais bien ce que j’étais en me levant ce matin, mais je crois avoir changé plusieurs fois depuis. »
« Qu’entendez-vous par là ? » dit la Chenille d’un ton sévère. « Expliquez-vous. »
« Je crains bien de ne pouvoir pas m’expliquer, » dit Alice, « car, voyez-vous, je ne suis plus moi-même. »
« Je ne vois pas du tout, » répondit la Chenille.
« J’ai bien peur de ne pouvoir pas dire les choses plus clairement, » répliqua Alice fort poliment ; « car d’abord je n’y comprends rien moi-même. Grandir et rapetisser si souvent en un seul jour, cela embrouille un peu les idées. »
« Pas du tout, » dit la Chenille.
« Peut-être ne vous en êtes-vous pas encore aperçue, » dit Alice. « Mais quand vous deviendrez chrysalide, car c’est ce qui vous arrivera, sachez-le bien, et ensuite papillon, je crois bien que vous vous sentirez un peu drôle, qu’en dites-vous ? »
« Pas du tout, » dit la Chenille.
« Vos sensations sont peut-être différentes des miennes, » dit Alice. « Tout ce que je sais, c’est que cela me semblerait bien drôle à moi. »
(Lewis Carroll - Traduit par Henri Bué 1865)
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Vous pouvez lire la traduction complete d'Henri Bué ** ICI **
Il existe un nombre incalculable de traductions de ce livre car il est affreusement difficile de le traduire en Francais et beaucoup s'y sont risqué! Carroll etait un auteur passionné par les mots et donc l'oeuvre (pour l'avoir lue en anglais) est tres ardue! Rien ne vaut la version originale. C'est pour ça qu'a chaque fois que je cite ce livre je cite le traducteur!
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